Les promesses, réelles, et les illusions suscitées par la conférence de Brazzaville de 1944, chez les populations malgaches constituent le point de départ d’une longue période d’ambiguïté et de malentendus dans les relations colonisateur- colonisés à Madagascar. Si, pour le premier, le maintien de sa présence et surtout de ses intérêts dans le pays constitue un principe politique non négociable, pour le second, le régime imposé depuis un demi-siècle doit changer, voire disparaître. Pourtant, dans les faits, comme dans les mémoires de bon nombre de Malgaches, la décolonisation, devant marquer l’évolution du statu de colonie et amorcer une émancipation conduisant au retour de la souveraineté ne satisfait pas les espoirs de liberté et d’une vie meilleure.

En début du XXIème siècle, la question du « fait colonial et de ses conséquences sur les populations qui y étaient soumises reste d’un brûlante d’actualité et suscite toujours des débats passionnées. Tout comme dans l’ancienne métropole, mais avec des points de vue différents, l’année 2005 et surtout le 60ème anniversaire des évènements de 1947 sont à l’origine de différentes prises de position, à Madagascar, où les mémoires de la colonisation restent encore bien vivantes, quoi que l’on puisse dire. Les aspects oppressifs de ce régime depuis son implantation, ont fait l’objet de nombreuses descriptions et analyses oppressions et contraintes qui se trouvent aggravées pendant la Seconde guerre mondiale. Le retour de la paix avec la décolonisation n’apporte pas de changements notables dans ce domaine, avec la volonté persistante des activités coloniales et des ressortissants fra4ais bien implantés de maintenir leur présence, et donc leur emprise sur les activités économiques et sur la destinée du pays. S’il est établi qu’il y a 50 ans, le Général De Gaulle a hâté la marche vers l’indépendance des Pays membres d’une Communauté qu’il a bâtie, et que la loi d’annexion de Madagascar est officiellement abrogée, en 1960, l’essentiel du régime précédent est sauvegardé sous la Première République malgache. La violence politique et les méthodes de gouvernance utilisées depuis plus de 60 ans restent appliquées, et l’absence de démocratie demeure flagrante, tant la colonisation a imprimé sa marque dans les structures politiques et dans la culture des dirigeants comme de la population.