Au printemps 1942, la situation militaire se modifie. Après l’attaque des troupes britanniques (5 mai 1942) à Diego-Suarez (Nord de Madagascar), La Réunion est dans l’attente d’un débarquement des forces alliées au général de Gaulle. Le 28 novembre, le contre-torpilleur Le Léopard se positionne devant Saint-Denis. À la suite de quelques heures de combat, André Capagorry, représentant de la France libre, obtient la capitulation du gouverneur Aubert. La Réunion se retrouve désormais aux côtés des forces gaullistes. Demeure l’essentiel, La Réunion est exsangue, la population a faim. Un des premiers gestes du nouveau gouverneur est de donner mission au Léopard de se diriger vers Madagascar pour ravitailler en riz La Réunion. L’île entre dans une nouvelle phase de son histoire.

De 1942 à 1946, l’île se reconstruit économiquement et politiquement. En 1946, alors que l’Empire français se fissure, dans la continuité des revendications d’avant la seconde guerre mondiale, La Réunion devient le 19 mars le 87e département français : Uné décolonisation intra-française.

La IVe République n’apporte pas au jeune département les mutations tant attendues. La loi de mars 1946 prévoyait l’application à La Réunion de l’ensemble des réformes votées par l’Assemblée. En fait, de 1946 à la fin des années cinquante, l’île vit le temps des déceptions au regard des espérances suscitées par la loi de départementalisation. Entre les projets gouvernementaux et les retards qui s’accumulent, La Réunion connaît une période de profondes difficultés. La grande majorité de la population vit dans la misère. En 1948, le taux de mortalité infantile traduit la réalité sociale et sanitaire du jeune département.

Les années 1958-1963 marquent un tournant dans l’histoire de La Réunion. Un évident changement d’échelle impose de nouvelles approches. Sur le plan international, la décolonisation bouscule les équilibres. Sur le plan national, la rupture de l’année 1958 ouvre le chantier d’une nouvelle politique. La création du Parti Communiste Réunionnais et son combat pour une évolution du statut de l’île constituent une nouvelle donne et contraint le gouvernement à des changements d’orientations et de comportements. Le voyage du général de Gaulle en 1959, puis en 1963 l’élection de Michel Debré dans la 1e circonscription de Saint-Denis constituent un tournant considérable. Ce sont tous ces éléments rassemblés, qui placent l’île dans une autre dimension. L’ensemble de ces paramètres composent la nouvelle conjoncture. La Réunion apparaît autrement et entre véritablement dans la phase de départementalisation.En quatre décennies, l’île vit une accélération exceptionnelle de son histoire. C’est le temps du décollage économique, des transformations profondes des infrastructures et des paysages avec l’amélioration des équipements (routiers, aériens, portuaires), la construction du barrage hydroélectrique de Takamaka (1968), d’hôpitaux, d’écoles, de collèges. Les premières émissions de télévision débutent en 1964. Le Centre universitaire est créé en 1970. Autant de réalisations qui tentent de répondre à un retard considérable.

De 1963 à 1981, sur la question du statut de l’île, un débat passionné entre départementalistes et autonomistes s’organise autour de deux pôles, deux figures (Michel Debré, Paul Vergés), qui structurent la vie politique de l’île. La troisième périodisation de cette histoire des temps présents est celle de La Réunion-Région. En 1982, la loi de décentralisation crée le Conseil Régional aux côtés du Conseil Général. La Réunion devient région européenne en 1992. En 1997, le traité d’Amsterdam donne à l’île sa place dans l’ensemble des régions ultra-périphériques de l’Europe...

Texte de Yvan Combeau - La Réunion dans le Temps présent