Le carnet de campagne de Yvan COMBEAU Le suivi de l’année politique 2015 Elections départementales et Elections régionales.
ANNEE POLITIQUE 2015
Le suivi des sondages réalisés par l’Institut Abaksys. Cap régionales 2015/Réunion
Ces sondages sont réalisés chaque mois et portent sur les élections régionales des 6 et 13 décembre 2015
Juin 2015. Entretien paru dans le journal Le Quotidien (18 juin 2015)
Didier Robert est en léger recul mais l’écart avec ses poursuivant reste important. Comment analysez vous les résultats à six mois du scrutin ?
A moins de six mois du premier tour, le candidat Didier Robert continue de se situer au-delà de la barre des 30%. Faut-il à nouveau rappeler que si ce chiffre était celui du premier tour des régionales le 6 décembre prochain il serait une base solide mais non suffisante pour l’emporter au second tour. Il lui faut donc soit envisager un possible élargissement électoral avec d’autres listes ou des personnalités (centre-gauche/écologistes...) soit compter sur les divisions de ses adversaires. Pour l’heure il peut en effet encore apprécier les divisions à gauche. Didier Robert bénéficie d’un évident socle d’électeurs qui appuient son bilan et se projettent dans un vote favorable à son deuxième mandat. Il peut aussi compter sur une plate-forme avec le soutien de nombreux élus, mais la campagne réelle est bien loin d’être engagée. Pour un favori la pire des posturesri serait de sous-évaluer les turbulences à venir. Et Thierry Robert reste dans l’opinion l’adversaire, et donc une alternative, au Président de Région sortant. Depuis plusieurs semaines, il mène une campagne dans un autre format plus apaisé. Le combat politique peut aussi se conduire sur un mode tranquille, surtout lorsque l’on ambitionne la construction d’un large rassemblement au second tour.
Thierry Robert n’en est pas moins dans l’action. Il se retrouve même sur tous les terrains. Il a pour lui une notoriété à l’échelle de la région, d’excellents conseillers juridiques dans ses démarches (et notamment au Conseil d’Etat). Il additionne une campagne virtuelle avec les réseaux de la toile de l’internet et le concret des rencontres inter-personnelles. Son agenda en est la traduction avec les rencontres liées à son futur programme régional. Ses récents déplacements à Salazie ou à Cilaos illustrent cette double démarche avec des engagements sur le dossier prioritaire du Tourisme. Son objectif reste de devancer la gauche au premier tour pour se retrouver au second tour (13 décembre) dans un face à face avec Didier Robert.
-Quelle peut-être la place du débat sur Nouvelle route du littoral dans l’élection régionale ?.
Une erreur d’optique serait de penser que l’élection régionale se joue sur le seul champ des accords et des équilibres internes aux listes. Ce « jeu politique » entre combinaisons, rapports de force, trajectoires et prévisions sur l’échiquier intéressent la société politique et médiatique. Mais l’immense majorité de l’opinion prête un œil encore bien lointain aux pourparlers entre les partis qui ne croisent ni leurs préoccupations quotidiennes ni leurs propres attentes pour l’avenir. Il ne faut pas se focaliser sur le suivi des scores des favoris car l’essentiel est ailleurs. Il faut cerner les débats qui naissent et peuvent venir bousculer les schémas, les grilles de lecture et les pronostics. Et pour le dire simplement ce sont ces débats qui se cristallisant sur deux ou trois dossiers feront l’élection voire la transformeront en referendum. Et parmi eux bien sûr nous retrouvons la question de la NRL. Depuis le milieu de la décennie 50, les débats sur cette route (corniche, littoral, NRL…) ont rythmé l’histoire de la vie politique réunionnaise. Il en sera ainsi pour 2014 comme cela l’a été en 2010. Nous voyons déjà l’organisation d’associations, de site internet avec des objectifs contradictoires mais qui marquent l’empreinte du sujet. Le citoyen (par des avis favorables ou défavorables au projet) entend intervenir sur ce dossier. Comment ne pas voir l’impact des mobilisations sur le dossier de la NRL en constatant ainsi l’intensification des échanges sur les réseaux sociaux et la circulation sur les écrans numériques des flux d’informations et de connaissances. Il y a eu avec la mobilisation contre la carrière de Bois Blanc un incontestable sondage qui a été promptement lu et compris par les candidats aux régionales. Plus de 4000 personnes unies par cette chaîne humaine cela signe une dynamique que les acteurs politiques ne peuvent (et n’entendent certainement pas) ignorer.
Comment analysez-vous les résultats portant sur « le meilleur candidat pour la gauche » ?
Les résultats marquent surtout la valeur d’une conjonction liant notoriété et identification politique à un camp. Bref une clarification du positionnement. Cela se vérifie pour Huguette Bello, Paul Vergès, Vanessa Miranville. Inversement le PS paie directement une lecture de l’opinion qui voit confusions et hésitations dans le camp socialiste entre fédération PS et Progrès. Cette phase ne sera dépassée qu’avec un ou des engagements clairs sur une tactique électorale.
Les résultats confirment également toutes les enquêtes sur la popularité de Huguette Bello. Les chiffres étayent sa candidature. Pour reprendre une distinction classique, elle a présentement pour elle l’opinion de gauche mais sa faiblesse se situe dans le potentiel militant et les appareils politiques. Il appartient maintenant aux socialistes d’opérer des choix et de lever les ambiguïtés pour entrer véritablement dans la campagne régionale. Et au sein du camp socialiste, nul doute que la prochaine élection de Sainte Rose constitue un test qui dépassera les limites des 177 km2 de la commune et sera examinée comme une indication sur les capacités régionales du Progrès. Deux interrogations au moins se rattachent à ces constats : Comment Huguette Bello peut-elle transformer l’expression d’une sympathie dans les sondages en un succès sur le terrain électoral ? Le PS (premier parti à gauche) peut-il abdiquer l’ambition de conduire une liste pour organiser une union des gauches dès le 6 décembre et laisser la conduite de la liste de gauche à une personnalité qui a souvent exprimé ses désaccords avec le gouvernement ?
Mai 2015. Entretien paru dans le journal Le Quotidien
-Comment analyser la progression de Huguette Bello ? Faut-il y voir la conséquence du lancement de sa campagne ?
Huguette Bello améliore considérablement son score dans ce sondage. Pour son parti, notons aussi l’apparition d’Olivier Hoareau, PLR, représentant d’une nouvelle génération. Depuis le début de cette enquête mensuelle, Huguette Bello faisait partie des figures politiques citées pour la présidence de la région. Elle vient de réussir son entrée en campagne. Huguette Bello bénéficie d’une identification, d’une personnalisation au sein de la gauche et plus particulièrement de l’électorat féminin. Progression en terme de « favori » mais il reste encore à concrétiser l’acte de candidature. Ce sondage constituera incontestablement un élément approprié pour étayer le dossier de sa candidature à gauche, mais il en faudra très certainement plus pour convaincre le parti socialiste et ses dirigeants. Le PS donne l’impression d’hésiter et de piétiner. Derrière les négociations officieuses et les jeux d’acteurs politiques se profilent les questions sur le poids des notoriétés dans le scrutin, les forces militantes respectives sur la désignation d’une tête de liste. Pour le dire clairement, et politiquement, le parti socialiste, la direction départementale et nationale comme les militants, avec ses cinq députés et plusieurs mairies peuvent-il accepter de s’effacer pour prendre une deuxième place sur une liste conduite par Huguette Bello ?
Huguette Bello s’installe dans un temps où la gauche, ou plus justement les gauches, peinent à sortir de leur phase d’élaboration d’une stratégie pour s’intégrer à la pré-campagne. Les gauches aujourd’hui c’est une marqueterie politique où se retrouvent une diversité de positionnements vis à vis de l’exécutif national, sur les projets régionaux, les stratégies d’alliances sans évoquer bien évidemment les divisions personnelles et les ressentiments. C’est dire que le schéma actuel, si rien ne vient le bousculer, porte intrinsèquement un jeu de compétitions qui prendra la forme de primaires au premier tour. Un tel morcellement des gauches pour le scrutin 6 décembre ne peut déplaire ni à Didier Robert ni à Thierry Robert.
-Dans le même temps, Thierry Robert qui s’est lui aussi déclaré, progresse peu. Comment l’interpréter ?
Thierry Robert a annoncé officiellement une candidature qui était d’évidence. Son discours distingue les réalités du terrain et d’hypothétiques sondages. Il lui faut faire mentir ceux qui soulignent un décrochage et une perte d’influence et mener une campagne continue et intense. Le temps lui ait donné de consolider un socle d’adhésion dans l’électorat. En jouant avec les initiales de son mouvement (L.P.A.), résumons deux exigences : dérouler une approche plus programmative afin d’incarner La Principale Alternative à l’actuel Président de Région et se tenir à un registre de communication plus apaisé pour éviter l’écueil de personnifier La Politique Agressivement. A sept mois des scrutins régionaux, gardons nous bien de penser que les chiffres du sondage figent les positions. La politique c’est au contraire l’affirmation d’une volonté et d’une capacité à faire bouger les conjonctures.
-Longtemps stable, Didier Robert décolle subitement. Que s’est-il passé en un mois ? -Près d’un Réunionnais sur deux (44,9%) considère que le président de région va gagner les régionales. Est-ce pour lui un atout ou un handicap ?
Nous avons dans cette enquête une confirmation de la position de favori attribuée à Didier Robert avec une évolution de son score qui le place au-dessus de la barre des 30%. Ce renforcement traduit un mouvement de cristallisation de l’électorat avec un profil très homogène. Il révèle un accord entre ses positionnements et les attentes d’un électorat. Sur cette ligne de crête, Didier Robert avance et établit sur des dossiers régionaux, voire des engagements nationaux, une relation consolidée avec l’opinion. Et cette dynamique s’accompagne d’un bon indice dans l’opinion qui croit à 45% qu’il sera le prochain vainqueur des régionales. Il importe de lire avec discernement ce chiffre et de bien définir cet indicateur qu’il ne faut assurément pas confondre avec le souhait de victoire. C’est là une autre dimension, primordiale dans la compréhension de l’état de l’opinion, mais le sondage ne l’étudie pas dans cette enquête. Pour l’heure, ce mouvement de progression constitue un enseignement d’importance puisqu’une part constitutive de l’équation électorale liée à la candidature de Didier Robert réside dans le palier qu’il va atteindre au premier tour (6 décembre 2015). Avec le mode de scrutin des régionales, nul besoin de la science politique pour comprendre l’avantage de réaliser un score entre 35 et 40% quand les adversaires se fragmentent en multipliant les listes. Cela n’assure pas la victoire mais la prépare cependant.*
Elections au Conseil départemental.
Résultats des deux tours de cette consultation.
Analyses des scrutins des 22 et 29 mars 2015-
Elections des conseillers départementaux
Vidéos : WWW.linfo.re/spip.php?page=recherche&recherche=yvan+combeau
Mars
"L’abstention, première clé des élections départementales"
"Pour les cantonales de 2011, l’abstention nationale se situait déjà à un haut niveau (55%). Dans certains cantons, ce sont près de 60% des inscrits qui ne déposaient pas de bulletins. Exemple en mars 2011 dans l’ex-canton de Saint-Denis 2 avec 61,1% d’abstention.
Aux Européennes de 2015, ce sont seulement 20% des inscrits de La Réunion qui font vivre le suffrage universel. Plus globalement la progression constante de l’abstention pose la question de la représentativité des élus et de la démocratie représentative.
Tous les indicateurs sont rouges pour le rendez-vous électoral de ce mois de mars. Il semble difficile d’inverser un mouvement qui depuis plusieurs années conjuguent la défiance vis-à-vis du personnel politique et la dévalorisation de la promesse politique. À côté de l’observation de l’abstention, il sera intéressant aussi d’examiner les pourcentages des bulletins blancs. Depuis le 1er avril 2014, les bulletins blancs sont comptabilisés sans pour autant, ce qui est regrettable, entrer dans le registre des exprimés. Cette expression électorale marque sans ambiguïtés le rejet de l’offre politique.
Actuellement, le fait que près d’un électeur sur trois ne sache pas qu’une consultation se déroule les 22 et 29 mars ne peut qu’inquiéter et laisser penser que la participation sera des plus faibles. La campagne nationale d’informations (« Oui, je vote… Oui, je le dis ») n’a pas encore eu ses effets.
Certes, l’intensification de la mobilisation se déroule dans les deux dernières semaines d’une consultation, mais nous avons sur cette consultation une véritable inertie du corps électoral, qui n’entre pas dans la compétition.
Et le décalage est d’ailleurs flagrant entre un corps électoral en marge d’une élection et un personnel politique qui mesure bien les enjeux cruciaux (nationaux, départementaux) de ce scrutin.
Plusieurs paramètres participent aux désintérêts de l’électorat. Les nouveautés d’un mode de scrutin (binôme) et les redécoupages des cantons suscitent hésitations et flottements. Ils se traduisent par une perte de repères.
À l’évidence, la nouvelle carte cantonale (25 cantons à La Réunion sur l’ensemble des 2 054 cantons pour la France) change plus que des habitudes. Elle modifie les représentations des communes au sein du prochain Conseil départemental cassant des liens de proximité qui sont pourtant considérés comme essentiels dans la relation électeurs-élus.
En moins de quinze jours, l’entrée des machines politiques nationales, la confrontation dominée par le tripartisme (F.N – U.M.P./U.D.I-P.S) a pour objet de créer une dynamique mobilisatrice et d’inviter à la participation.
Et puisque les compétences des futurs conseilleurs départementaux ne sont pas définis, que les programmes ne sont donc pas discriminants, il reste le poids des personnalités politiques dans la composition des binômes pour entraîner l’électorat.
En vue du 22 mars, les dernières estimations situent l’abstention sur des sommets (55%, voire 58%). Les quinze jours à venir peuvent inverser une part de ces prévisions. Mais l’abstention restera une donnée majeure du premier tour. Au fil de la journée du 22 mars, les pointages réguliers vont permettre de suivre les tendances.
L’abstention aura des effets immédiats sur les votes des exprimés. Elle crée les conditions de l’élimination automatique des candidatures pour le second tour.
À l’échelle nationale, sur le cadre tripartite, une faible participation (soit une moyenne de 45%) rend quasi-impossible les triangulaires puisqu’il faut pour se maintenir au second tour 12,5% des inscrits. Un candidat arrivé en troisième position, même avec 25% des exprimés ne participera pas au second tour puisqu’il sera en deçà de la barre des 12,5% des inscrits.
Cette exigence (obtenir 12,5% des inscrits pour se maintenir au second tour) instituée pour faciliter l’élimination des candidats du Front National peut se retourner comme un boomerang autant contre le Parti socialiste que l’UMP lors de ce premier tour de scrutin.
À La Réunion, la faiblesse de la participation aura un effet immédiat dans de nombreux cantons. Dans le cas où le premier tour se déroule sous la forme d’un duel (canton 6) voire d’une compétition avec trois binômes (canton 1, 4, 13, 16, 23) le résultat ne sera assuré que si le binôme des candidats arrive en tête avec plus de 50% des exprimés et réunit un nombre de suffrages au moins égal au quart des inscrits.
Donc à titre d’exemple sur un canton avec une participation à hauteur de 48% le binôme doit réaliser 52% des exprimés pour être déclaré élu. Lors des cantonales de mars 2011, au premier tour nous avions 10 élus sur les 25 cantons renouvelables.
En 2015, peut-on envisager dans des proportions comparables les succès au premier tour dans les 25 cantons ? Une fois encore le taux de participation sera décisif parce qu’il établit des seuils. Ainsi, si nous atteignons dans un canton les cimes d’une abstention à 60%, il faudra pour être élu au premier tour 25% des inscrits soit dans cet exemple 62,5% des exprimés.
L’abstention est un phénomène d’une grande complexité réunissant des facteurs sociaux et géographiques. Le chiffre brut ne doit pas occulter les disparités selon les quartiers et les communes. Dans certains quartiers la barre de 60% peut être largement dépassée. De même selon les générations, l’abstention fluctue considérablement.
Il faut également prendre en compte les différentiels de participation entre les électorats. À « une abstention-sanction » répondent « une participation-opposition » et « une participation-adhésion ». L’abstention-sanction concerne principalement l’électorat socialiste déçu par les trois premières années du quinquennat de François Hollande.
La désaffection des électeurs socialistes de 2012 a déjà pesé sur tous les scrutins (législatives partielles, municipales, européennes). Par contraste, la sur-mobilisation des oppositions de l’U.M.P. ou plus encore des électeurs FN creuse l’écart en faveur de leurs candidats.
Enfin l’étude de l’abstentionnisme électoral amène à considérer la perte d’influence (et de représentation) de l’électorat constant c’est à dire les électrices ou les électeurs qui participent aux votes lors de chaque élection. L’électorat choisit de plus en plus d’entrer ou non dans la participation selon le scrutin et les enjeux.
Au soir du dimanche 22 mars 2015, dès 18 heures, le premier chiffre connu portera sur le taux de l’abstention. Il sera déterminant puisque l’abstention, paradoxalement, fait de plus en plus indirectement le résultat des élections."
Mars
Les enjeux du premier tour des départementales
Dans moins de trois semaines, les premières élections départementales se déroulent dans la quasi-totalité de la France. Elles vont se lire dans le même temps comme un test national et une multiplication d’enjeux départementaux.
A l’échelle nationale, ces élections constituent un événement d’importance pour l’exécutif, l’opposition et toutes les forces de l’échiquier politique.
L’implication du premier ministre souligne s’il en était besoin sur la valeur politique de ces scrutins. Par-delà les indications des sondages hebdomadaires, des élections partielles, l’expression du suffrage universel sera un indicateur primordial sur l’état de l’opinion.
Les élections vont apporter des réponses précises à nombre de questions : Combien de Français se rendront aux urnes ? Quelle est l’exacte impopularité du gouvernement, du chef de l’Etat ? Quelle est la dynamique du Front national dans les départements ? Quel est le poids de l’UMP ? Quelle représentation pour la gauche de la gauche ? etc….
Sur le plan départemental, voyons les premiers enjeux de ces élections à La Réunion.
Abstention
Le premier enjeu se nomme participation. Dans un contexte marqué depuis plusieurs années par l’augmentation régulière, graduelle, de l’abstention, ces scrutins locaux offrent une nouvelle estimation des rapports des Français avec le vote et notre société politique. La distance, les défiances observées sont elles toujours aussi prégnantes ? Doit-on se préparer à des analyses électorales avec l’absence d’un électeur sur deux, voire plus c’est à dire proche de 55% ? L’abstention-sanction préfigure probablement la confirmation de l’éloignement d’un électorat « déçu », voire « trahi ».
A l’évidence, les modifications du mode de scrutin, le remodelage des circonscriptions et la création des binômes paritaires viennent compliquer l’approche d’une partie du corps électoral et sceller les perplexités dans le comportement électoral.
Un imposant phénomène abstentionniste aura des effets directs sur les résultats. Ainsi même lors des situations où ne se présentent que deux, voire trois binômes, l’élection n’est pas assurée de se jouer dès le premier tour (22 mars).
Pour être élu, il faut non seulement réunir 50% des exprimés mais aussi 25% des inscrits.
Les Enjeux personnels
Paradoxales élections départementales puisque les compétences des futurs élus ne sont pas encore connues. Aucun texte législatif n’a été approuvé. Aucun texte législatif ne définit réellement les domaines sur lesquels devront intervenir les conseillers départementaux. Des lignes ont été fixées mais rien n’est écrit.
Pour le dire simplement nous allons élire des conseillers départementaux sans que leurs champs de compétences ne soient parfaitement précisés, limités. Comment dès lors réaliser des programmes électoraux.
Ce sont bien les candidats/candidates qui vont concentrer une large part des enjeux plus que les programmes faisant des équations personnelles et politiques un facteur dominant.
Les votes vont plus que jamais prendre en compte les positionnements sur l’échiquier politique, les ancrages partisans et les soutiens municipaux.
Le canton de toutes les attentions
Elections départementales, élections primordiales dans les 25 cantons. Mais, il n’a échappé à personne que le canton n°10 (Canton 2 de Saint Denis) concentre tous les regards.
S’il fallait hiérarchiser les enjeux politiques des 25 Cantons, il ne fait pas de doute que ce canton à une valeur unique tant pour ses enjeux personnels, partisans que ses conséquences sur les régionales.
La candidature de la présidente sortante donne à cette compétition électorale une place d’exception. Et son score sera amplement interprété : sera t-elle confortée ou fragilisée sur son bilan, sa décennie à la tête du département, ses différentes options politiques et …. pour le troisième tour.
Mais avant de spéculer sur le vote de 50 conseillers pour la présidence du département, il lui faut passer le cap de l’élection. Et aucune élection n’est jamais gagnée ! Plusieurs éléments seront déterminants.
En premier lieu les résultantes des municipales de mars 2014 dans le camps de la gauche et des droites. La dynamique socialiste avait été remarquable. Sera t-elle aussi présente pour porter le binôme conduit par Philippe Naillet et Claudette Clain ?
Dans cette compétition, la candidature de Gino Ponin Ballom constitue également une donnée-clé dans ce scrutin. La cicatrice de mars 2008 est elle vraiment fermée ? Dans ce canton s’ajoute l’inconnue sur le résultat du binôme présenté par le Front National (Maurice Brasier-Gisèle Vaïtilingom).
Pour la présidente sortant, un des risques majeurs serait de voir se constituer lors d’un entre-deux-tours un front « TSND » Tout Sauf Nassimah Dindar fédérant de manière implicite un vote venant des oppositions des gauches et des ressentiments des droites.
L’engagement des parlementaires
La présence de trois parlementaires qui sont candidats titulaires (Jean Jacques Vlody) ou suppléantes (Monique Orphée, Ericka Bareigts) engage le Parti socialiste. Elle fait partie des enjeux personnels de ces scrutins départementaux.
Derrière les figures de ces députés, et leurs scores, se lira l’état des opinions sur l’action de l’exécutif socialiste. En 2014, comme nous le soulignons déjà, dans un contexte des plus moroses pour le Parti Socialiste, le maire sortant de Saint Denis, Gilbert Annette avait réalisé un score remarquable.
Dans la plus grande ville des outre-mer, il avait créé un « micro climat » politique lui permettant de distancer aisément les droites et d’améliorer son score. Cet élan sera t-il encore au rendez-vous des départementales ?
Pour le député Jean Jacques Vlody, après son échec aux municipales, l’enjeu c’est autant l’action passée au Conseil général (et le jugement du corps électoral sur son bilan) que son propre devenir sur la scène politique réunionnaise.
Conseillers sortants et maires
Après 2014 (et l’élection de 24 maires), les scrutins de 2015 vont installer 50 conseillers départementaux et 45 conseillers régionaux.
Sur le calendrier électoral nous n’avons plus de scrutins locaux (municipales, départementales, régionales) avant 2020. Le personnel politique élu en 2014 et 2015 aura donc une longue séquence politique jusqu’en 2020 sans élection. Situation inédite dans l’histoire politique, qui renforce l’importance de ces scrutins et maintient le pouvoir de ces élus sur la durée d’un quinquennat.
Les candidatures des conseillers sortants, parfois maires, sont autant d’enjeux personnels. Ils sont très nombreux à se représenter (titulaire ou suppléant). Citons parmi ici une part de ces personnalités de la vie politique : André Thien-Ah-Koon, Joseph Sinimalé, Maurice Gironcel, Daniel Alamélou, Daniel Gonthier, Jean Claude Lacouture, Philippe Le Constant, Bruno Mamindy Pajany …...
Les résultats auront des conséquences sur leur pouvoir personnel et leur formation politique. L’échec se transformera rapidement pour eux soit en une mise entre parenthèses de cinq années soit en un terme pour leur parcours politique.
Enjeux personnels, enjeux pour les partis, ce sont autant de confirmations du rôle primordial de ces élections départementales sur le devenir politique de La Réunion jusqu’en 2020.
Février
"Quelle présidence pour le Conseil départemental ?"
"Depuis 2004, Nassimah Dindar préside le Conseil général de La Réunion. Plus d’une décennie à la tête de cette assemblée et un parcours original dans la vie politique de La Réunion. Un Itinéraire politique qui traverse le RPR, l’UMP, l’UDI avec la réorganisation des centres, des « modérés » et depuis 2008 toujours le souci de maintenir une position d’équilibre afin de maîtriser sa majorité tri-partite départementale (droite-gauche).
Sur l’axe chronologique récent s’observent des distorsions autorisant le discours en faveur de la marche des « progressistes » aux cantonales (mars 2011), le soutien à la liste de Paul Vergès (septembre 2011), la participation aux primaires socialistes (et donc de se reconnaître et signer le texte sur l’acceptation des « valeurs de la gauche »)… et finalement en 2014 l’approbation du « pacte » des droites, des centres avec Didier Robert.
Il était intéressant d’écouter Jean Christophe Lagarde (visite en janvier 2015) quand il parlait de la nécessité de jouer « la clarté ». Le message s’adressait probablement aussi à la présidente du Conseil général. Mais, l’argument sur le dépassement des clivages gauche/droite déjà présent dans son discours lors de son élection au Conseil général en 2008, sa volonté ne n’avoir pour parti que la réussite de La Réunion et de pouvoir partager la photographie d’un rassemblement avec la quasi-totalité des dirigeants politiques de l’île : ce sont là aussi des traits d’un itinéraire politique plus en ligne brisée qu’en ligne continue.
La vie politique réunionnaise est souvent caractérisée par une forte plasticité de son personnel. La société politique peut se définir par cette succession d’ententes.
Les stratégies ne surprennent plus l’opinion publique qui a contemplé la vie politique sur ces trente dernières années. L’électeur s’est habitué à cette capacité à sauter les lignes et changer les accords et les combinaisons selon les temporalités et les contextes.
Dans cette vie politique de La Réunion, Nassimah Dindar a surtout montré son aptitude à fédérer des ententes.
Pour les scrutins de 2008, 2011 et plus encore 2015, une large part du questionnement sur le troisième tour des consultations c’est à dire l’élection à la présidence intègre nombre de discussions sur ses options.
En 2015, l’actuelle présidente du Conseil général concentre encore l’attention et les interrogations sur son devenir et sa propension à organiser de nouvelles combinaisons politiques.
Au sein de la société politique, Nassimah Dinar se situe plus dans les logiques d’associations que dans les logiques de centralisation. Elle a su adapter sa démarche, profiler son action au regard de ses forces. Elle apparaît principalement dans le rôle de « la clé de voûte » bien moins dans la fonction de chef de parti. Elle se met davantage dans la posture de la fédératrice, se veut un point de convergence. Elle entre plus dans le rôle de pivot que dans celui de leader privilégiant la construction de connexions avec d’autres forces afin d’y apparaître comme la personnalité indispensable, précisément parce qu’elle se place comme garante du fonctionnement au centre du dispositif. Elle ne s’appuie pas sur la force d’un parti, mais sur sa disposition à réussir des alliances, des jonctions politiques.
L’exemple de la majorité composite de 2008 illustre parfaitement cette habileté à réunir des éléments apparemment opposés (ou en désaccord) et à réussir là où peut l’attendait en rassemblant les morceaux d’un puzzle et à maintenir, faire vivre, cette composition.
Avec les centres et ses deux ailes (droite/gauche), nous sommes dans le même logiciel de construction qui passe par un dénominateur commun, un point d’équilibre, qui a nom Nassimah Dindar.
Sans prétendre devancer le vote sur le prochain Conseil Départemental, trois éléments de réponse peuvent au moins alimenter les réflexions. En premier lieu, d’évidence, tout ne dépend pas de la présidente sortante. Les résultats dessineront de nouveaux équilibres.
Ayons bien à l’idée que des binômes vont être élus mais dès le 29 mars, l’équation pour la présidence doit se faire à partir du chiffre de 50 conseillers qui vont être à la manœuvre.
Deuxièmement, prépondérants seront les projets des différents acteurs de la société politique dans l’après départementales : quelles orientations et regroupements entendent-ils mettre en ligne sur le moyen terme c’est à dire jusqu’aux régionales ?
Enfin, Nassimah Dindar peut-elle (veut-elle ?) se satisfaire d’être la candidate de la droite et du centre ou entend elle se garder des marges de manœuvres pour continuer de conserver intactes son habileté à réunir et à coaliser sur (et avec) d’autres rives politiques ?
Février
"National, départemental : deux contextes se croisent"
Les élections départementales ont toujours été des indicateurs de grande pertinence pour l’histoire de la vie politique française.
Sans revenir sur l’historique de ces scrutins, quelles dates peuvent rappeler la force des scrutins locaux. Sur l’axe chronologique, on peut inscrire les consultations de 1976 ou 1992 qui ont déstabilisé les pouvoirs politiques de Matignon à l’Elysée. Scrutins intermédiaires ou non, ces échéances locales (même dans le cadre d’un renouvellement par moitié) ont constamment bousculés l’équilibre du moment ou renforcé les dynamiques politiques.
En 2015, les départementales sont attendues voire redoutées.
Les scores du Front National seront bien sûr disséqués afin d’évaluer le souffle d’une progression régulière qu’exprime les sondages mais plus encore les élections municipales, européennes et toutes les consultations partielles. L’expression électorale de la circonscription du Doubs prolonge un élan qui s’affirme depuis plusieurs mois.
Des élections riches d’enseignements aussi pour le gouvernement et l’exécutif présidentiel. Les estimations annoncées sont redoutables parce qu’elles constitueraient (conditionnel !) un nouveau revers et la puissance d’un profond désaveu de l’opinion.
Les socialistes comptent désormais sur une remobilisation de leur électorat pour minorer l’effet des départementales. A trop prévoir l’échec cuisant (ne conserver qu’une vingtaine de département), il est évident qu’une perte de faible ampleur serait « une bonne nouvelle » et pourrait s’examiner comme une simple sanction, phénomène classique dans des scrutins à mi-mandat. Quant à l’UMP, il attend de la stratégie de Nicolas Sarkozy un rebond et des gains dans des dizaines de départements.
Une nouvelle carte de la politique française en inversant les rapports de forces : tel est l’objectif de l’UMP qui souhaite gagner au moins 60 départements.
Une reconquête des positions pour effacer les mauvais chiffres des scrutins de mars 2011. Quant à la gauche de la gauche et aux Ecologistes, ils espèrent aussi réunir les votes d’un électorat qui en 2012 avait rassemblé plus de quatre millions de voix. Une nouvelle fois, le calcul et l’analyse des scrutins devront plus prendre en compte les suffrages des inscrits que ceux des exprimés.
Pour saisir les mouvements du corps électoral, il faut en effet partir de la participation (et donc de l’abstention sanction) pour aller dans le détail des dynamiques partisanes.
Et à La Réunion ? Comment s’inscrit-elle dans ce tableau ?
Les structurants de la vie politique différencient le département. Les élections pour le prochain premier (et peut être unique) Conseil départemental sont très ouvertes, et donc bien incertaines. La logique des binômes au sein de nouvelle circonscription constitue une nouvelle « offre politique ».
Certes, des figures connues, et bien ancrées, de la vie politique locale s’inscrivent dans ces nouvelles cohérences. Elles constituent des points d’appui, des pôles de repères pour un électorat qui doit en deux mois appréhender les nouveaux mécanismes de fonctionnement électif des cantons.
Nonobstant ces continuités, il est remarquable de constater que dans les cantons s’opèrent des rapprochements, voire des conversions politiques avec la formation de duos politiques parfois inattendus. Au corps électoral d’évaluer l’efficacité de ces associations qui passe les clivages traditionnels.
Dire que « tout est possible » serait excessif, mais minimiser l’effet de ces recompositions politiques (qui plus largement caractérise la vie politique de La Réunion depuis au moins 2010) serait une erreur dans l’analyse des projections sur les équilibres de l’après 29 mars au sein du Conseil départemental. Les batailles électorales de mars prochain ne doivent surtout pas être simplement annexées aux futures régionales comme « un avant tour électoral ». Elles s’agencent de manière autonome. Bien sûr qu’aucune élection ne peut être isolée sur une chronologie telle que l’année politique de 2015.
Mais, le processus électoral des départementales peut construire ses propres logiques et devenir un élément déterminant dans la marche des régionales.
L’état des forces politiques actuelles avec son atomisation et le poids des personnalités peut donner aux départementales une force de préfiguration capable de modifier la donne électorale.
Sur cette logique d’une force constitutive politique en marche, l’équilibre interne au Conseil départemental (avec des binômes qu’il ne faut pas examiner comme des unités figées) a d’évidentes potentialités pour brouiller les accords, modifier les représentations et les ententes politiques existantes.
Et le moment de l’élection à la présidence de ce conseil départemental constitue chacun le perçoit un temps fort (« un vote-clé ») pour ceux qui veulent déranger les actuelles arrangements et créer de nouvelles lignes de forces et/ou de nouvelles stratégies d’alliances dans le paysage politique réunionnais.
Février
"A six semaines du premier tour des élections départementales...Le temps de la pré-campagne électorale a bien commencé. C’est une phase d’accélération. Elle prend d’autant plus de significations que la vie politique a connu une décélération organisée, programmée, dès l’après-municipales (mars 2014).
Au cours de ces semaines, il s’agissait (avant départementales et régionales) davantage de laisser les concurrents se révéler pour le premier scrutin de 2015. Un travail intense de préparation, moins visible par les opinions publiques, qui se contingente le plus souvent à la sphère des états-majors. Ce qui se mettait en place se nommait pacte, accord, alliance… Cela s’exemplifie avec le texte rédigé par les formations des droites et des centres autour de Didier Robert.
Depuis la mi-janvier, le renversement s’est opéré avec un changement de vitesse. Dorénavant, il est question de s’exposer. La phase du lancement électoral a véritablement été engagée. Elle révèle non seulement les stratégies mais aussi les résultantes de la donne politique sur les dernières années.
Chaque consultation marque (avant même l’entrée dans la compétition électorale) les permutations du paysage à venir. Entrent dans ces registres plusieurs faits : la décision de Pierre Vergès de ne pas concourir, le retrait de Michel Dennemont ou le retour de Jean Yves Langenier… mais également de nouveaux modelés politiques dans les formes des binômes à l’image de l’accord passé entre Alain Armand et Nadia Ramassamy ou l’entente réunissant Jean-Paul Virapoullé et Alain Alamélou…
Sachons cependant bien évaluer ces prises de positions ou ces annonces non comme des retraits ou des conversions internes à la société politique mais des adaptations liées au format du scrutin des départementales ou à des reconstructions de trajectoires, de positionnements. Dans cet ensemble de mouvements qui couvrent cette pré-campagne, s’installent pareillement les actions visant à fragiliser l’adversaire. Sans même encore se placer en concurrent (e) sur le terrain électoral, il est possible de réaliser des opérations médiatiques ayant pour objectif l’affaiblissement d’un candidat potentiel dans son propre camp avec les effets sur les scrutins départementales mais aussi les prochaines régionales. Les actuelles plaintes, controverses entre Nassimah Dinar et Gino Ponin-Ballom fournissent un résumé édifiant de ce répertoire (ici judiciaire) ante-électoral.
L’accélération dans l’anticipation des scrutins se lit aussi plus classiquement dans l’entrée des principaux leaders du personnel politique. Dans les 25 cantons-circonscriptions, s’expriment le poids et l’enjeu des fiefs avec l’omniprésente cardinale c’est à dire celle des ancrages géographiques. Chacun y reconnaît son espace que l’on évoque (sans être exhaustif) l’entrée de André Thien Ah Koon ou Patrick Lebreton sur le Sud, Joseph Sinimalé dans l’Ouest, Jean-Paul Virapoullé sur l’Est
A six semaines du premier tour, le premier constat traduit les permanences et les effets (fréquemment soulignés) du fractionnement et de la segmentation de la politique réunionnaise. Il faut aller observer la stratégie du Parti Socialiste, du L.P.A. ou de l’U.M.P (avec Objectif Réunion) pour déceler des approches globales et des stratégies de réseaux sur l’ensemble du département.
Pour l’heure, l’actuel prologue de la campagne n’a pas encore rassemblé la totalité des éléments du puzzle politique réunionnais. La phase d’accélération (et de révélations) doit continuer jusqu’au 16 février.
Dans une semaine, nous aurons in fine une vue intégrale des candidatures et des ententes…et les éléments constitutifs des possibles projections sur la composition du futur Conseil départemental".
Janvier
Élections départementales : des scrutins très ouverts
"Dans moins de huit semaines, tous les départements de France seront dotés d’un Conseil départemental. Cette nouvelle assemblée (exit le Conseil général) sera élue les 22 et 29 mars 2015.
À La Réunion, nous allons passer de 49 cantons à 25 cantons. Un cadre nouveau avec des circonscriptions retaillées et dans chaque canton deux élus. Au total, le prochain conseil départemental comptera 50 édiles avec une parité parfaite puisque dans chaque canton le corps électoral devra choisir un binôme réunissant une femme-un homme (pour les deux titulaires et les deux suppléants). Quatre noms composeront donc chaque bulletin. Le scrutin des départemental se resserre sur 25 circonscriptions.
Les joutes prennent une autre échelle couvrant de plus amples territoires électoraux. C’est la première inconnue de cette consultation. Autant les enjeux et les donnes électorales étaient classiquement analysés depuis des décennies dans le format des anciens cantons, autant les nouveaux espaces politiques ouvrent considérablement les marges et les incertitudes.
Le corps électoral, encore actuellement à distance de l’échéance, va graduellement apprendre à considérer les limites nouvelles de la compétition. Et il n’est pas aisé de s’y reconnaître dans le découpage présent. Les repères historiques et politiques ont été éclatés. L’équation si fréquente entre le maire et le conseiller général disparaît.
Face à cette mutation, le corps électoral risque d’avoir pour le moins des hésitations dans la compréhension des paramètres géographiques mais aussi dans l’approche des logiques de binômes et des reconfigurations partisanes qui en découlent. En quelques semaines, l’électeur va devoir recomposer son logiciel départemental et appréhender une consultation électorale grandement modifiée par le législateur.
Dans un contexte déjà marqué par la progression graduelle de l’abstention, les formations politiques, les candidats et les médias….devront faire preuve de pédagogie pour expliquer (il n’est même plus question de justifier) le cadre et le mode de scrutin.
Et cette étape est essentielle au regard de l’importance de ces élections. Sur l’ensemble du pays (et non plus par moitié), le corps électoral va renouveler tout le personnel politique des départements. C’est dire l’impact de ce vote, c’est dire ses conséquences, c’est dire le test national que représentent ces scrutins. L’un des premiers paradoxes de ces batailles électorales, départementales, réside précisément dans ce décalage entre la distance encore marquée du corps électoral, la lenteur de l’entrée en campagne et les effets des résultats électoraux. Les contrecoups électoraux seront du premier ordre pour la vie politique nationale, pour la vie politique réunionnaise. Ils peuvent être estimés dans leurs dimensions départementales et nationales.
Les soirées électorales des 22 et 29 mars vont permettre d’évaluer l’état des forces politiques dans le contexte de ce début d’année, de mesurer les oscillations partisanes, les équilibres au sein de chaque conseil départemental et de dessiner une carte électorale française (trois ans après le début du quinquennat, à deux ans de la présidentielle).
À La Réunion, ces élections sont ouvertes. Ouvertes pour dire incertaines, Ouvertes pour exprimer la conviction que rien n’est assuré, et encore moins garanti et que les ancrages ou les bastions cantonaux d’hier sont dépassés.
Il n’est pas seulement question d’évoquer « les surprises » ou « les possibles étonnements » dans les résultats mais de souligner combien les recompositions, les anticipations, les mouvements au sein de la société politique sont d’actualité à travers la structure des binômes ou les entre-deux-tours.
Bien évidemment l’année politique 2015, avec le rendez-vous majeur des régionales, se prépare dès maintenant. En mars, les élections départementales ont donc une fonction primordiale et un rôle déterminant.